Safrania... La plus grande ville de la région, une impressionnante métropole en plein centre de Kanto. Cela faisait un moment qu'Olivia ne s'y était pas rendue, et pourtant elle n'habitait pas très loin, car seule la route 5 séparait Azuria de Safrania. Néanmoins, trop occupée par ses pokémons et son travail, elle ne trouvait jamais le temps de s'y rendre. Elle se consacrait principalement à la gestion d'une réserve naturelle de pokémons aquatiques, et il fallait avouer que cela lui prenait beaucoup de temps. Ajoutez à cela son métier d'éleveuse et ses quatre pokémons qui adoraient lui jouer des tours lorsqu'elle avait le dos tourné, et vous comprendrez sans doute pourquoi elle ne trouvait pas le temps d'y faire un tour. Lorsque son Stari n'avait pas retourné l'intérieur de sa maison en jouant avec Akwakwak, ou plutôt en l'embêtant puisque ce dernier cherchait par tous les moyens un moment de répit, quitte à se débrouiller pour enfermer le pokémon chercheur de noises dans la salle de bain, c'était Aquali qui avait trempé le sol, terrifiée par Staross qui rouspétait sans cesse pour aller s'entraîner. Evidemment, la jeune femme cédait à quasiment tous leurs caprices et n'avait par conséquent que très peu de temps libre durant lequel elle dormait ou se gavait de sucreries telle une enfant. Finalement, ces quatre bestioles rythmaient sa vie en dehors de ses heures de travail, bien que cela ne semblait pas la déranger outre mesure.

Aujourd'hui pourtant, Olivia avait trouvé le temps de se rendre à Safrania pour un rendez-vous avec son employeur Gabriel Waltz. Oui, l'homme d'affaires incroyablement riche connu dans tout Kanto et même dans les régions voisines, celui-même qui avait fait fortune grâce à une eau aux propriétés curatives. Il était le propriétaire de la réserve aquatique donc s'occupait la jeune éleveuse spécialisée dans le type eau, et elle devait aller le voir pour lui signaler un problème récurrent et de plus en plus grave. Le milliardaire ayant un emploi du temps excessivement chargé, c'était elle qui faisait le déplacement jusqu'à son appartement situé dans le même immeuble, si elle ne se trompait pas, que son siège social. Etant déjà venue ici, elle savait où il se trouvait, mais elle avait tout de même noté son adresse sur un bout de papier fourré dans sa poche, ayant peur d'oublier. Tête en l'air comme elle l'était, cela ne serait pas très étonnant.

Alors voilà, à présent la jeune femme parcourait la ville à la recherche de ce fameux immeuble dans lequel il devait sans doute l'attendre. Aquali à ses côtés, elle semblait ailleurs, comme perdue dans ses pensées. Cela faisait des mois qu'elle n'avait pas vu Gabriel qu'elle considérait comme son ami avant d'être son patron, et elle appréhendait un peu cette rencontre. Elle lui devait tant de choses, il l'avait tellement aidé qu'elle se sentait incroyablement stupide lorsqu'elle le voyait, comme si elle se rabaissait elle-même, ce qui était souvent le cas. Elle espérait surtout ne pas avoir l'air trop ridicule aujourd'hui, surtout qu'ils devaient parler du travail avant toute chose. Alors qu'Olivia réfléchissait à la manière dont elle allait pouvoir lui présenter les choses, Aquali trouva judicieux de la sortir de ses pensées en passant devant ses jambes. Sa dresseuse manqua de s'étaler par terre et, après s'être redressée, lança à son pokémon un regard désespéré. Comme si elle n'était pas assez maladroite d'elle-même ! Elle leva la tête et aperçut l'immense immeuble non loin d'elle.

-On arrive, il faut que tu rentres dans ta pokéball, lança-t-elle en détachant de sa ceinture la petite capsule bicolore.

Après avoir grommelée quelque peu, Aquali retourna donc à l'intérieur de sa pokéball et la jeune femme parcourut seule les quelques mètres qui la séparaient de sa destination. Elle entra donc à l'intérieur et se présenta au vigile pour qu'il prévienne Gabriel de son arrivée, n'ayant pas envie d'attendre devant la porte sans qu'il ne lui ouvre. Se sentant légèrement crispée, elle ne put s'empêcher de maudire sa timidité avant de monter les escaliers pour rejoindre l'appartement de son ami. A peine fut-elle devant la porte qu'elle se sentit idiote et incroyablement démunie, et cela empira lorsqu'il ouvrit la porte. Elle resta quelques instants immobile, comme gênée, avant d'esquisser un sourire et de le saluer quelque peu maladroitement, venant de perdre tous ses moyens en seulement quelques secondes.

-Salut Gabriel... je suis... contente de te revoir... avoua-t-elle alors.

Idiote ! Pourquoi n'était-elle pas capable de parler normalement devant son ami ? Ah ! Qu'est-ce que ça pouvait l'énerver quand son cœur s'emballait, quand son cerveau perdait le contrôle, quand son anxiété grimpait en flèche et qu'elle ne parvenait plus à parler sans bafouiller ! Ils se connaissait depuis longtemps pourtant, et elle lui faisait confiance qui plus est, alors pourquoi ne parvenait-elle pas à avoir l'air un minimum naturelle face à lui ? C'était complètement stupide... et désespérant. A croire qu'elle n'y parviendrait jamais, qu'elle aurait toujours l'air d'une stupide maladroite incapable de cesser de bégayer devant lui.

-J'espère que tu vas bien... et que je ne te dérange pas... ajouta-t-elle en essayant de calmer les tremblements et les petites hésitations de sa voix.